Nous venions de Lyon, avec en mémoire le musée élaboré sur le même thème d'une grande richesse. Alors, évidemment, la comparaison ne tient pas. La première difficulté est pour les visiteurs ne maîtrisant pas la langue de Dante ni celle de Shakespeare. Ce n'était pas notre cas et les casques audio fournis qui suivent automatiquement le parcours de l'exposition sont une excellente initiative permettant de ne pas avoir à tripoter en permanence un appareil pour trouver la bonne piste. Cependant, ce petit musée est relativement pauvre, à commencer par les objets (armes, affiches, objets du quotidien), pauvre aussi sur l'aspect déportation – et avec un absent totalement incompréhensible, dont le témoignage sur son expérience concentrationnaire a bouleversé la perception de la déportation, mais encore l'univers littéraire, traduit en 60 langues. D'autant plus incompréhensible qu'il était Turinois et aura passé sa vie dans cette ville où rien, à ma connaissance, si ce n'est la petite placette devant la synagogue, ne rappelle la présence. Primo Levi, l'auteur de Si C'est un Homme, a été effacé. Il ne peut s'agir d'un oubli. C'est comme si Prague oubliait Kafka dans un musée sur ses grands artistes. Alors, comment expliquer cela sinon que Primo Levi était juif ? En tous les cas, cela ne peut que questionner et générer un certain malaise.